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sinon aux amis français de l’Italie une, acharnés à affaiblir une puissance catholique qui n’avait plus d’intérêts opposés à ceux de la France depuis qu’elle avait cessé d’être le premier État de l’Europe et de prétendre à l’hégémonie et à la domination ?

On croit répondre à tout en montrant les documents qui attestent que l’Autriche mettait pour condition à son alliance, en 1870, l’évacuation de Rome par les troupes françaises. On ne songe pas à nier cela, puisque les archives diplomatiques l’affirment. Encore s’agit-il de l’expliquer. Que l’on nous dise donc, ce que personne n’a fait jusqu’ici, l’intérêt que pouvait avoir le gouvernement autrichien à épouser la cause des anticléricaux et des révolutionnaires italiens. Pour quelle raison l’Autriche aurait-elle consenti à s’unir à la France à condition seulement que son ennemie de la veille, la Maison de Savoie, déjà agrandie à ses dépens, reçût encore ce cadeau sans égal : la Ville éternelle ? Il n’est pas possible d’attribuer à l’Autriche catholique un motif suffisant de se conduire en ennemie du Saint-Siège. Reste une hypothèse qui s’accorde avec tous les faits connus : c’est que l’Autriche, insuffisamment préparée à la guerre contre la Prusse, sachant la France aussi peu préparée qu’elle-même, choisit, pour échapper à la nécessité de faire une campagne dont elle prévoyait les résultats funestes, le prétexte le plus sûr. La France avait déclaré Rome intangible. Le gouvernement impérial avait dit « Jamais ». L’Autriche ne courait donc aucun risque