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trop tard aux utopistes. Il n’était plus temps de bien faire. Et, même en faisant bien, l’Empire parut encore se tromper et ajouter des fautes nouvelles à ses fautes primitives. Mais que, dans ces conditions, l’occupation de Rome ait été le motif déterminant de notre isolement, et, par conséquent, de notre défaite en 1870, cela n’est même pas exact.

En ce qui concerne l’Italie, eussions-nous donné Rome à Victor-Emmanuel pour obtenir son concours, quelle sorte d’avantage pouvait-elle tirer d’une guerre avec l’Allemagne ? Et qui ne pressent qu’une fois en possession de la Ville, elle se fût dégagée de sa promesse d’alliance aussi aisément qu’elle le fit, en somme, aux premières nouvelles de nos défaites d’août, puisqu’on était déjà convenu d’un accord ? Qui peut se flatter de contraindre à se battre un peuple qui n’a ni goût ni intérêt à faire la guerre ? Et les partisans de la politique impériale ne seraient-ils pas fondés à prétendre qu’il était d’une suprême habileté de laisser irrésolue la question romaine, afin de déterminer Victor-Emmanuel à se joindre à nous dans l’espoir d’être récompensé plus tard, grâce à l’arbitrage de la France, par une transaction sans violence avec la Papauté ? Quand on nous aura dit la raison que l’Italie aurait eue, possédant la Ville, de faire la guerre à la Prusse, on pourra admettre que Rome ait perdu la France. Mais l’Italie de 1870 n’avait besoin que de sa capitale. Dès qu’elle l’eut, elle prouva que la reconnaissance est un facteur politique sur lequel il est prudent de ne pas compter. Répéterons-nous qu’il eût été