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cléricale. Elles ont servi à répandre cette opinion, que le pouvoir temporel des Papes a causé nos désastres de 1870, et que le catholicisme est directement responsable du sang versé et des provinces perdues. Ce qui revient à dire que ces malheurs nous fussent également arrivés par la faute de tout autre gouvernement, — la monarchie de Henri V par exemple, — semblablement intransigeant sur la question romaine, et qu’au contraire, une politique libérale et franchement amie de l’unité italienne nous les eût certainement évités.

À cette contre-vérité, à cette atteinte au sens commun, il ne faut pourtant pas méconnaître que la confusion où tomba finalement la politique extérieure de Napoléon III apporte quelque vraisemblance. « À l’approche de l’heure décisive, dit très bien M. de la Gorce, l’historien du second Empire, la politique française se complique au point d’échapper à l’analyse. » Devant le péril soudain apparu, ce fut la déroute de tous les principes napoléoniens. On essaya de revenir à la politique de la tradition, qui était la politique du bon sens. Mais la réaction, déjà tardive, fut encore incomplète et maladroite. L’empereur, toujours attaché à ses chimères, entrait à contre-cœur et sans conviction dans des considérations nouvelles pour lui. Ses agents, ses ministres, formés à son école, servant depuis longtemps son système, exécutaient avec mollesse des ordres qui bouleversaient les manières de penser adoptées jusque-là. L’avènement de l’Empire libéral avait encore aggravé la confusion. Ce singulier régime qui,