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et d’envoyer sur les côtes de la Baltique l’escadre de la Manche pour que la face des choses fût changée. Napoléon III répondit à tout : « Nous ne sommes pas prêts. » Du côté de Drouin de Lhuys, qu’on disait partisan de l’intervention, Beust n’essuya encore que des refus. Il quitta Paris avec une désillusion cruelle. Il ne pouvait pas, quatre ans plus tard, l’avoir oubliée.

On peut dire de la question des alliances de 1870 qu’elle est inexistante, en ce sens que c’est en 1866 que tout s’est décidé. C’est alors que tout fut perdu. C’est alors que l’occasion qui s’était présentée de venir au secours d’une coalition toute nouée contre la Prusse fut criminellement négligée. Lorsque vint l’échéance de 1870, tous ceux que nous avions abandonnés nous abandonnèrent à leur tour. Thiers parcourut vainement l’Europe pour solliciter des interventions, pareil aux Beust, aux Perglas, aux Dalwigk, qui vainement aussi avaient demandé à l’empereur de les aider contre la Prusse et qui ne comprenaient pas que le gouvernement français se refusât à voir son intérêt. Pour rester fidèle au principe des nationalités, pour ne pas compromettre l’unité italienne par des succès autrichiens, pour ne pas nuire à l’unité allemande par le relèvement des monarchies de l’Allemagne du Sud, Napoléon III avait alors repoussé les alliances sans compter. N’est-ce pas l’un des meilleurs observateurs de ces événements, Georges Rothan, qui a écrit dans son livre sur la Politique française en 1866 :