Page:Bainville - Bismarck.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Allemands à la domination danoise, devait avoir pour résultat de mettre des Danois sous la domination allemande. » Et de même, à sa non moins grande surprise, la fondation de l’unité allemande eut pour premier effet de courber des Français sous le joug prussien.

La faute de 1864, Napoléon III l’avait aggravée en 1866 en la recommençant. Il se vante, dans la brochure Gricourt, d’être resté neutre, cette fois encore, avec préméditation. Il cite cette lettre, lettre officielle et insérée au Moniteur, qu’il adressa à Drouin de Lhuys le 11 juin 1866, lorsque le conflit austro-allemand apparut inévitable, et où il indique clairement que pour lui la France passait après l’Italie :

En face de ces éventualités, quelle est l’attitude qui convient à la France ? Devons-nous manifester notre déplaisir parce que l’Allemagne trouve les traités de 1815 impuissants à satisfaire ses tendances nationales ?… Dans la lutte qui est sur le point d’éclater, nous n’avons que deux intérêts : la conservation de l’équilibre européen et le maintien de l’œuvre que nous avons contribué à édifier en Italie.

Il rappelle qu’après la défaite de l’Autriche et des Etats allemands du Sud, une partie de l’opinion française se retourna contre lui.

Afin de répondre à ces attaques, ajoute-t-il, l’empereur entreprit de prouver que ce n’était pas par faiblesse, mais par conviction, qu’il avait facilité en Europe la reconstitution des grandes nations, et il mit ses idées et ses actes sous l’invocation du grand homme qui, du haut de son rocher, avait dicté pour ses successeurs de si magnifiques paroles.