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mêmes parties de la salle.) Il y a eu une seconde Assemblée constituante, et cette seconde Assemblée a retrouvé la pensée héroïque et désintéressée de la France et elle a dit à l’unanimité : Pacte fraternel avec l’Allemagne, pacte fraternel avec l’Italie… De l’histoire qui date de la Révolution française doit venir notre inspiration et nous devons retenir la volonté, la passion d’identifier les droits et la grandeur de la France avec les droits et la grandeur du genre humain. (Rumeurs.)… Pour moi la véritable tradition de la France, conforme à son véritable intérêt, consiste à faciliter, à seconder les aspirations des peuples vers l’indépendance et l’unité, et non à les contrarier, à les arrêter dans ce mouvement, et si aujourd’hui en Italie et en Prusse il y a un sentiment de colère contre la France,… (murmures et réclamations sur plusieurs bancs) c’est précisément parce que vous présentez à ces deux pays une France jalouse, mesquine, inquiète… (nouveaux murmures) et non une France confiante, généreuse et libérale. » (Approbations sur quelques bancs à gauche.)

On le voit, la gauche, toute la gauche approuvait M. Émile Ollivier. Que l’État français puisse et doive suivre une politique « héroïque », une politique « désintéressée », c’est en effet une idée de gauche, l’idée qu’exprimait Edgar Quinet dans une image fameuse quand il invoquait : « La France, Christ des nations ». Et c’est aussi l’idée dont Napoléon III se fit le serviteur.

Guéroult, Jules Favre, la soutenaient avec les mêmes arguments et la même chaleur. À l’encontre des suggestions du bon sens apportées par Thiers, ils affirmaient que, c’était une franche, une complète, observation de la politique des nationalités qui sauverait la France. M. Ollivier cite encore avec éloges ces fragments d’un discours de Guéroult :