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l’emblème de nos intérêts et de notre gloire. La patrie divisée, la liberté trahie, l’humanité souffrante, la gloire en deuil, comptent sur vous. Vous serez à la hauteur des destinées qui vous attendent.

Apres l’échec de Strasbourg et son acquittement, Louis-Napoléon, en attendant de reprendre l’épée, reprend la plume. C’est alors qu’étant à Londres, il écrit les Idées napoléoniennes. On y trouve déjà l’unité italienne annoncée : « Le nom si beau d’Italie, mort depuis tant de siècles, rendu (par Napoléon Ier) à des provinces détachées, renferme en lui seul tout un avenir d’indépendance. » Le prétendant explique le vrai sens de l’œuvre napoléonienne détruite par les traités de 1815, et qui était de ressusciter les nationalités, européennes par les idées révolutionnaires. Sans Waterloo, « l’humanité eût été satisfaite, car la Providence n’a pu vouloir qu’une nation ne fût heureuse qu’aux dépens des autres, et qu’il n’y eût en Europe que des vainqueurs et des vaincus, et non les membres réconciliés d’une même et grande famille ». Singulière persistance de la chimère ! Trente ans plus tard, Napoléon III tiendra le même langage dans cette circulaire où, après Sadowa, il affirmait que ce serait une politique mesquine que de s’opposer par crainte ou par jalousie à ce que l’Allemagne réalisât son unité, comme la France, avant elle, avait fait la sienne. Et la conclusion des Idées napoléoniennes était celle-ci :

Que les mânes de l’empreur reposent en paix ! Sa mémoire grandit tous les jours. Chaque vague qui se brise sur le rocher