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salut ? Sa monarchie et la politique de Napoléon.

On ne peut pas dire que Frédéric-Guillaume III fût un grand roi ni un monarque national. L’histoire de son règne est instructive mais non pas belle. Pénétré autant que ses sujets des idées pacifistes, convaincu que, par des concessions et d’habiles diplomaties, on évite toutes les « affaires » et tous les dangers, Frédéric-Guillaume III fit preuve, en face de Napoléon, d’une humilité et d’une timidité qui ne devaient pourtant pas empêcher Iéna. Il est certain que le roi de Prusse fait mauvaise figure dans l’histoire. Sa faiblesse de caractère, sa médiocre intelligence, les lacunes de son esprit et de son cœur, ne s’accordaient que trop bien avec les tendances de ses sujets. C’est lui, cependant, c’est sa maison et l’institution qu’il représentait, qui formaient le seul point d’appui et de résistance. Si faible, si timide, si irrésolu qu’il se montrât, Frédéric-Guillaume n’allait pourtant pas jusqu’à accepter l’idée de son suicide. L’instinct de vivre, l’intérêt vital et immédiat, l’emportèrent sur son naturel indolent. Ce ne fut jamais sans luttes qu’il se décida à renvoyer ses conseillers pour en prendre de plus énergiques, à adopter une attitude plus ferme en face des vainqueurs. Toute la famille royale, éclairée par son propre intérêt, avec la reine Louise, brave et clairvoyante, à sa tête, poussait le roi à sortir de son inertie, à adopter une politique plus nationale. C’est ainsi que, à force de concessions à son adversaire, Frédéric-Guillaume III en venait à une abdication presque complète, quand il se ressai-