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III

La Prusse en 1806

Au lendemain d’Iéna et d’Auerstædt, Napoléon, deux fois vainqueur de la Prusse, frémissait de l’impatience d’arriver à Berlin. Les historiens disent que jamais il ne se montra plus fier d’une victoire, ni plus orgueilleux d’afficher son triomphe. À Vienne même, il eut un langage moins dur et moins hautain, il fut moins théâtral et ne songea pas à jouer au César. De toutes les capitales où il fit son entrée, Berlin fut la seule où il tint à étaler sa gloire et sa force. Il se plut, dans des proclamations et des lettres fameuses, à insulter l’ennemi qu’il venait d’abattre. Il faisait sentir à ses soldats et au peuple français tout le prix d’une victoire qui vengeait à la fois Rosbach et le manifeste du duc de Brunswick. Celui-ci, grièvement blessé à Auerstædt, faisait demander à Napoléon d’épargner sa famille et ses sujets. — « Qu’aurait à dire », répondit l’empereur aux ambassadeurs du duc, « qu’aurait à dire celui qui vous envoie si je faisais subir à la ville