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de la Législative. Ils ont bien plutôt fait pour leur, pays ce que pour le nôtre avait fait Richelieu, si l’on tient compte de la différence des lieux et des temps. D’ailleurs, Godefroy Cavaignac, en scrupuleux historien, ne manque pas de le constater : les Allemands ne nous envient qu’avec modération les immortels principes et nient, quant à eux, toute, imitation de la politique révolutionnaire.

Ce qui n’est pas niable, pourtant, c’est l’influence des idées de la Révolution sur les transformations de la Prusse et de l’Allemagne. Mais cette influence s’exerça au rebours de la thèse de Godefroy Cavaignac. Nos armées d’invasion, apportant avec elles les principes des Droits de l’Homme, donnaient naissance à cette question des nationalités, inconnue de l’ancienne Europe, et qui allait entraîner au XIXe siècle des convulsions qui ne sont pas encore finies. C’est de la « libération des peuples », dont Napoléon fut le champion, que devait sortir l’unité allemande, comme plus tard l’unité italienne. La chute de l’ancien régime marqua la fin de cette politique prudente et sage, constamment suivie par la monarchie française, et qui avait consisté à endormir le colosse germanique, à le diviser, à l’affaiblir, à profiter des querelles religieuses, des divisions territoriales, des rivalités princières, du manque d’argent, de l’état arriéré de la civilisation. Les guerres de la Révolution et de l’Empire sont glorieuses. Il serait absurde de dédaigner le lustre qu’elles jettent sur la nation française. Mais, en fait de résultat positif, elles ont eu celui d’unir ce