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II

Les leçons d'Iéna

Il n’y a pas d’équivalence entre les deux célébrations qu’on a faites du centenaire d’Iéna en Allemagne et en France. Là-bas, on mesurait le chemin parcouru depuis les défaites, et surtout on expliquait aux générations nouvelles que ce n’est pas le hasard, mais de grandes volontés servies par de bonnes institutions qui ont réussi à relever l’Allemagne de la misère et de l’avilissement où elle était tombée. En France notre histoire est moins simple et moins claire. Les révolutions, la rhétorique des partis, la succession des régimes, l’habitude d’un langage rempli de « nuées », rendent inconcevable pour la plupart des Français la suite des événements du dix-neuvième siècle. Pour eux les défaites succèdent aux victoires, Waterloo sort d’Iéna et Sedan de Solférino, sans lien, sans raison, par l’effet d’une mystérieuse et pénible fatalité. Cependant quelques écrivains patriotes ont tenté de tirer la philosophie et la leçon d’Iéna. C’est ainsi