Page:Bainville - Bismarck.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reprocher d’avoir fait la moindre chose contre lui. » Parole qui devait me rendre rêveur. Je ne sais pas si, dans cette circonstance, le prince de Bismarck a essayé de faire quelque chose contre le retour de M. le comte de Chambord ; ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est la persistance de son hostilité contre la Monarchie en France, et ce qui en fait très peu, c’est sa participation aux intrigues de l’opposition contre le gouvernement, conservateur à l’époque du 16 mai 1887[1].

En face de l’hostilité déclarée de Bismarck à l'égard du comte de Chambord, son évidente sympathie pour Thiers forme un contraste frappant. Et M. de Gontaut-Biron réussit là encore à découvrir le jeu de notre grand ennemi.

L’inquiétude du duc de Broglie, en occupant le pouvoir après le 24 mai, était de savoir comment on prendrait à Berlin la victoire des conservateurs, universellement regardée comme le premier pas vers l’établissement de la Monarchie. La vérité, l’inoubliable vérité est qu’elle y fut on ne peut plus mal accueillie. Bismarck et l’empereur Guillaume regrettèrent M. Thiers. C’est pour le système, la méthode et la personne de M. Thiers qu’on s’était prononcé à Berlin. M. Thiers, en effet, répondait de l’ordre. Il n’était pas la Commune et ses convulsions. Il n’était pas Gambetta, ses agitations et son esprit de surenchère guerrière. M. Thiers était le garant que les milliards seraient payés avec exactitude sans que les troupes allemandes eussent à intervenir, — comme on put le craindre après le 18 mars 1871,

  1. Mon ambassade en Allemagne p. 408, not.