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politique d’évolution vers la gauche, et que la raison principale de sa désapprobation était — à part même ses convictions monarchiques — la faveur avec laquelle cette politique était considérée à Berlin, Une pareille considération, disait-il, devrait être « un motif déterminant de substituer un autre régime à la République, même conservatrice ». Soyons heureux de pouvoir nous mettre ici sous le patronage de M. de Gontaut-Biron. Beaucoup de personnes pourraient être choquées de voir l’illustre Thiers traité en complice de Bismarck. Il ne s’agit pas de nier le patriotisme de Thiers, pas plus que nous n’avons nié le patriotisme de Gambetta. Thiers reste et restera le « libérateur du territoire » et Surtout la Cassandre de l’Empire, le prophète clairvoyant de nos désastres. Mais c’est justement la pire des condamnations pour sa politique de 1872 que Bismarck l’ait regardée comme complémentaire de la sienne, et qu’il ait considéré que la République de Thiers favorisait la sécurité, les intérêts et les ambitions de la Prusse. Nulle intention, nul bon sentiment ne prévalent contre cela.

En prenant possession à la fois de la présidence du Conseil et du ministère des Affaires étrangères, le duc de Broglie savait bien qu’il allait se heurter à l’hostilité de Bismarck. Dès le 27 mai, il écrivait à M. de Gontaut-Biron :

Au vrai, de quel œil voit-on (à Berlin) une réaction conservatrice en France ? Lequel l’emporte de ces deux sentiments : celui de la solidarité de tous les gouvernements également menacés par l’esprit révolutionnaire, ou bien la crainte