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respect. M. de Gontaut-Biron avait gagné l’estime et la confiance de l’empereur Guillaume et de l’impératrice. Les services qu’il put rendre au pays sont considérables. Ses Souvenirs, rédigés d’ailleurs sans aucune forfanterie, en donnent une juste idée.

Mais la partie la plus intéressante de ces mémoires est assurément celle où le vicomte de Gontaut-Biron montre comment et dans quel esprit la politique intérieure de la France était suivie à Berlin. Il entra en relations d’affaires avec Bismarck au temps où se décidait l’avenir de la France, où République et Monarchie étaient deux possibilités égales. En dépit de son habileté et de ses ruses diplomatiques, Bismarck ne réussit pas à dissimuler à notre ambassadeur de quel côté allaient ses préférences. Il ne put même, précisément peut-être à cause de l’affirmation trop répétée de sa neutralité et de son indifférence, lui cacher son véritable jeu. Tout ce qui nous a été révélé depuis par les témoignages authentiques et écrits de Bismarck lui-même, M. de Gontaut-Biron l’avait déjà compris et distingué. Ses mémoires apportent ainsi un supplément de preuves à l’histoire des origines allemandes de la troisième République.

M. de Gontaut-Biron était légitimiste. Et c’est un peu pour cette raison que M. Thiers l’avait choisi. Il fallait à la cour de Berlin un grand seigneur. Il fallait que ce grand seigneur n’eût pas la moindre tare révolutionnaire pour être bien accueilli de Guillaume Ier. Thiers avait compris cela. Et c’est