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d’imaginer que l’on pût reprendre après lui l’œuvre où il ne lui avait pas été donné de réussir. « Maintenant que les passions sont éteintes… » : c’était une tournure de phrase familière à M. de Broglie dans les derniers temps de sa vie. Hélas ! Il n’y avait que les siennes qui le fussent.

Il a paru convenable au duc de Broglie de couvrir d’un pardon magnifique les injures que ses adversaires avaient faites non seulement à lui-même, mais encore à sa cause et à son pays. C’est pourquoi son récit de la mission de M. de Gontaut-Biron ne contient guère que d’académiques allusions à l’entente naturelle qui régnait entre Bismarck et les chefs républicains. Une fois, une seule, le duc de Broglie s’échauffe. L’homme et le Français triomphent de l’historien. C’est à l’endroit où il rappelle que Bismarck en personne prétendit s’ppposer à l’accession de Henri V au trône. « Je ne me sentis jamais si royaliste que le jour où je vis clairement qu’un Allemand voulait m’empêcher de « l’être », écrit-il. Telle doit être la leçon qui se dégage de ces événements et que confirment encore les souvenirs laissés par M. de Gontaut. Mais elle ne servirait à rien si elle ne devait être que la justification et l’apologie de M. de Broglie. Il faudrait qu’elle contribuât à l’éducation politique de tous les Français. Si l’histoire, et surtout l’histoire des temps modernes, n’est rendue bonne à cela, elle n’est que distraction et curiosité vaine. La sérénité d’un duc de Broglie finirait par ne pas se distinguer beaucoup du dilettantisme que ce doctrinaire à