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resta jusqu’en 1877. On connaît l’importance et les difficultés de la mission de M. de Gontaut. On sait que le duc de Broglie l’avait déjà racontée dans un livre écrit avec cette froideur et ce soin qui caractérisent toute son œuvre, mais dont la justesse et l’exactitude peuvent être mesurées à présent. Le duc de Broglie avait eu entre les mains, pour composer son étude, les notes laissées par M. de Gontaut-Biron. Connut-il toutes celles que voilà publiées aujourd’hui ? On en peut douter lorsqu’on le voit se contenter de poser en thèse générale, par exemple à propos de M. Thiers, des choses qui sont énergiquement affirmées dans les papiers de M. de Gontaut. Mais il y avait chez, le duc de Broglie un pli de l’esprit qui l’empêchait de tirer, tout le parti que comportent des révélations de cette gravité. Qu’est-ce que l’histoire, sinon une grande école et un répertoire d’expériences ? Elle était malheureusement autre chose pour le duc de Broglie. Ce grand seigneur la traitait avec des timidités de professeur. Il se croyait tenu, même pour les événements auxquels il avait pris part, à une doctorale impassibilité. Plaider, récriminer, prouver, lui eussent paru également indignes de l’historien. Il semble que cet homme, qui eut de grandes parties, ait été, comme écrivain, aussi paralysé par les préjugés universitaires qu’il le fut, comme politique, par les préjugés libéraux. Et puis, lorsqu’il écrivait cet ouvrage, il s’était retiré du monde ; il se complaisait dans la pensée que son nom était synonyme d’un grand échec ; il ne lui agréait pas