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allait remplir correctement sa tâche. C’était, par ambition et par goût des grandes charges, un fonctionnaire modèle. Mais, après sa mort, il a repris son indépendance. Et ses indiscrétions ont brouillé les cours et les chancelleries. Elles ont été le point de départ d’une agitation antimonarchique, d’une renaissance du particularisme, d’un réveil de l’esprit féodal, qui ont tourmenté Guillaume II. Le prince de Hohenlohe fut de l’espèce des serviteurs trop intelligents pour n’être pas dangereux. Et c’est le roi de Bavière qui avait raison quand il refusait, il y a soixante-cinq ans, de le prendre pour ministre, pour la raison qu’il est toujours prudent de se méfier d’un médiatisé. Seul Bismarck, qui construisait un ordre nouveau avec des hommes d’ancien régime et des idées de révolution, avait été assez fort pour utiliser ce grand seigneur rebelle, en qui reparaissait toute l’anarchie dont était mort le Saint-Empire.