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nersmarck, telle que la racontent les pièces authentiques des publications posthumes du chancelier. On se souvient des lettres échangées et dont les termes sont accablants pour Gambetta et pour la politique républicaine. On se souvient aussi de l’entrevue qui avait été concertée et de l’hésitation de la dernière heure qui empêcha Gambetta de s’y rendre. Ce n’est pas le patriotisme, d’ailleurs, mais la peur de se compromettre qui expliquait cette hésitation. Or c’est bien ce que font comprendre les Mémoires de Hohenlohe qui, se trouvant à Varzin en octobre 1881, recueillit ces propos de la bouche de Bismarck :

Le soir, après le thé, on a parlé de diverses choses d’autrefois, de Darmstadt, de Francfort, etc.. Tout à coup, le chancelier s’est écrié : « Ah çà ! où Gambetta est-il donc resté ? je l’attends toujours. » Il nous dit alors qu’il l’aurait vu très volontiers, et que c’est son devoir de recevoir des hommes d’État étrangers. Gambetta était sans aucun doute appelé à jouer un grand rôle dans son pays ; Bismarck aurait tenu à s’entretenir avec lui. Le bruit que l’entretien avait eu lieu a d’ailleurs été répandu[1], et le chancelier expliqua qu’il n’était pas possible de donner au démenti une forme qui ne blessât pas Gambetta. Ensuite il raconta les différentes tentatives qui ont été faites pour le rapprocher de Gambetta.

Le 1er  novembre, Hohenlohe revient sur la même question :

  1. On sait, en effet, que Gambetta avait fait un voyage en Allemagne en septembre et octobre 1881. C’est alors que la presse parla de sa rencontre avec le chancelier. Mais l’opinion, qui se trompait sur ce point, était loin de soupçonner la correspondance de 1877-78 et l'accord dont elle témoigne entre Bismarck et Gambetta.