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nant de son voisinage, mais encore d’avoir joué, en même temps que le tsar, l’Europe entière. Car les causes de conflits et de divisions s’engendrant les unes par les autres allaient sortir de ce congrès. La France l’éprouva quand elle fut aux prises avec l’Angleterre en Égypte (laissée en dehors du remaniement de l’Empire turc), puis avec l’Italie au sujet de la Tunisie que Bismarck, bon prince, accordait à la France pour reconnaître les services rendus et récompenser son adhésion aux décisions du congrès[1].

On s’explique donc la sollicitude avec laquelle, dans cette période nouvelle de son ambassade, le prince de Hohenlohe veilla sur les premiers pas de la République vraiment républicaine, de la République de Gambetta, des opportunistes et des radicaux. Il accomplit à la lettre le mot de Bismarck révélé par sa correspondance avec Henckel : « Le pouvoir de Gambetta m’est trop utile pour que je fasse rien qui puisse l’ébranler. » Hohenlohe a pour ce gouvernement des inquiétudes, des tendresses maternelles. Lorsque Grévy et Gambetta entrent en

  1. L’opinion de Bismarck sur la Tunisie et sur le rôle de diversion qu’elle devait jouer était faite depuis longtemps. Le prince de Hohenlohe note, le 2 mai 1874 : « Au sujet de la politique française, le chancelier me parla des tendances de la France à s’annexer Tunis. Il serait bon pour nous que la France pût s’engager là-bas. Sans doute le commerce allemand en Tunisie en souffrirait, mais Bismarck me parut placer l’intérêt politique bien au-dessus de cet intérêt mercantile. » (Denkwürdigkeiten, p. 118.)