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lui-même, à la date du 16 avril 1876 de son Journal, que Thiers, précurseur ici encore de Gambetta, est venu lui exposer « que la communauté des intérêts dans la lutte contre l’ultramontanisme serait une garantie pour la continuation des bonnes relations entre l’Allemagne et la France ».

Hohenlohe, quant à lui, savait bien que Bismarck n’attendait qu’une chose pour aller à Canossa et faire sa paix avec les catholiques allemands : c’est que l’anticléricalisme eût allumé la guerre civile en France et l’eût affranchi des menaces de la politique blanche. Le prince de Hohenlohe à même tenu à rappeler qu’il avait prédit ce changement de front dès le 2 juin 1875, dans une conversation avec Blowitz.

Les élections du 16 octobre furent le triomphe de la mission du prince de Hohenlohe à Paris. La part qu’y avait prise Bismarck n’est pas douteuse. De Gastein, le 6 septembre, Hohenlohe écrit que le chancelier s’est entretenu avec lui des élections françaises et a même affirmé en termes exprès « qu’il serait nécessaire, pendant la période électorale, de

    La France se déchire ! Les meilleurs Français, catholiques, conservateurs, en sont réduits par la volonté de leur loi intérieure, par l’arbitraire d’une loi extérieure, à lutter contre cette autre élite française, la milice de l’ordre, la servante de la patrie, l’armée française, leur armée ! Oui, la joie a dû être grande en Allemagne et dans tous les cœurs allemands. Tout comme au congrès de Berlin, la République de Bismarck tient ses promesses à la conférence d’Algésiras. La Ligue d’Action française constate une fois de plus cette stricte fidélité du régime à ses origines et à ses doctrines symbolisées dans le magnifique instantané du Matin. » (Sixième Déclaration de la Ligue d’Action française.)