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Ce ne sont pas des vers de très grand poète. Cela est nu et parfois un peu pauvre. Mais quel cri ! Quelle cadence ! Quelle fermeté et quelle sincérité ! Il n’y a rien d’aussi franc dans toute l’œuvre de Louis Ménard. Car on parle beaucoup de l’influence qu’il a exercée sur ses contemporains, notamment sur le Parnasse. Il semble bien que Ménard, avec son intelligence si réceptive, la plasticité de son imagination, ait plutôt bu tour à tour à toutes les coupes. Il a toujours flotté d’impression en impression et de formule en formule. Il traversa le stoïcisme, le bouddhisme bien des choses encore, et l’on aime mieux lire ses morceaux les mieux venus que de perdre son temps à son casse-tête philosophique :

C’est une pauvre vieille, humble, le dos voûté.
Autrefois on t’aimait, on s’est tué pour elle.
Qui sait, peut-être un jour tu seras regretté
De celle qui dit non, maintenant qu’elle est belle.