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Le pauvre a-t-il une patrie
Que me font vos vins et vos blés,
Votre gloire et votre industrie
Et vos orateurs assemblés ?
Dans vos murs ouverts à ses armes
Lorsque l’étranger s’engraissait,
Comme un sot, j’ai versé des larmes,
Vieux vagabond, sa main me nourrissait.

Vieux vagabond, Verlaine a dit une chanson tout autre. Il n’avait pas le cœur mesquin de Béranger. N’ayant rien à perdre dans les malheurs publics, il ne les appelait pourtant pas comme une vengeance de ses malheurs privés. Verlaine, dans un de ses derniers recueils, Bonheur, a chanté au contraire un hymne à la patrie, admirable d’ampleur et aussi de simplicité et de recueillement.

L’amour de la Patrie est le premier amour
Et le dernier amour après l’amour de Dieu.
C’est un feu qui s’allume alors que luit le jour
Où notre regard luit comme un céleste feu.

L’enfant grandit, il sent la terre sous ses pas
Qui le porte, le berce, et bonne le nourrit…