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Et comment se fait-il aussi que ce gentil esprit, qu’on est tout de suite tenté de faire remonter à la lignée de Marot et de La Fontaine, s’échappe dans un bruit de rimes et de grelots sans laisser d’impression poétique véritable ? Les hommes, disait-il, ont besoin de poésie autant que de pain. Mais il ne leur donnait que des fantaisies spirituelles, pareilles à lui-même, que M. Anatole France a défini « un personnage de fantaisie, échappé d’une fête à Venise, au temps de Tiepolo ». C’était un poète lyrique, mais qui négligeait les idées et les sentiments, tout ce qu’il y a de général et tout ce qu’il y a d’humain, qui aimait surtout les beaux costumes et plus encore les déguisements. Il a vu le monde comme un bal paré… Aujourd’hui son œuvre en souffre un peu…

18 février 1912.