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père et le fils toute la distance qu’il y a de la raillerie à la polémique la plus brûlante, de l’ironie au pamphlet.

C’est ainsi qu’un jeune écrivain[1], dans un amusant et ingénieux recueil de pastiches et de petites scènes comiques dont les littérateurs et la littérature d’il y a cinq ans faisaient les frais, avait représenté Alphonse Daudet reprochant au bouillant auteur des Morticoles son accent mordant, ses verveuses attaques, son goût des violentes « personnalités ». Les mots de cette petite semonce supposée étaient drôles, certains même méchants. Je ne crois pas qu’ils fussent tous justes.

Il ne faut pas que le romancier idyllique, l’ami des humbles, des souffrants, des déshérités et des orphelins, le Dickens français comme on l’a appelé un peu niaisement parfois, fasse oublier le Daudet moqueur, qui avait de la

  1. Ernest Lajeunesse, les Nuits, les Ennuis et les Âmes de nos plus notoires contemporains.