Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Brotteaux, grand lecteur de Lucrèce, chez qui il puise l’aspiration au néant, pourrait prendre à son poète les vers que M. France ne cite pas, mais qui semblent être inscrits en filigrane à toutes les pages de son livre : Tantum relligio… Vous comprenez dès lors le sens du titre, dont l’image sibylline, d’ailleurs puissante et belle, est, paraît-il, empruntée à un discours de Camille Desmoulins. Les dieux de la Révolution avaient soif, soif de sang. Et c’est le principe religieux de la Révolution qui l’a rendue détestable et sanguinaire.

M. Anatole France, dans ce livre, qui est avant tout un livre d’irréligion, ne dit pas autre chose et le lui faire dire serait bien imprudent. Cela nous suffit et même nous enchante. Libre au lecteur, n’est-ce pas, de tirer toutes les conclusions qu’il voudra, dans le domaine philosophique et politique, de la répulsion qu’inspire à l’auteur des Dieux ont soif la mystique révolutionnaire.