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qu’elle a été séduite par un aristocrate, alors qu’en vérité le séducteur de la belle était clerc d’huissier. Évariste, juré du tribunal révolutionnaire, fait condamner à mort sur le plus léger et le plus trompeur des indices, un ci-devant en qui il s’imagine reconnaître le corrupteur de l’innocence. Il donne à une pauvresse la moitié du pain que lui accorde la réquisition, l’autre moitié à sa vieille mère, mais il enverrait froidement tous les siens à la guillotine s’ils étaient soupçonnés d’incivisme. Cet Éliacin de la République une et indivisible verse le sang pour assurer le bonheur des hommes. Jamais un doute ne l’assiège. C’est un sinistre fanatique, pour qui les paroles de Robespierre sont révélation. Voici l’état de son âme après une séance aux Jacobins, où « l’incorruptible » a désigné les traîtres.

« Évariste entendit et comprit. Jusque-là, il avait accusé la Gironde de pré-