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sés sous son prédécesseur. C’était du moins un moyen assuré de trouver des fonds pour les premiers frais de la guerre. On taxa donc les gens d’affaires à vingt-quatre millions : ils les payèrent sans difficulté, dans la persuasion sans doute qu’ils ne faisaient qu’une avance dont les couvriraient avec usure les premières opérations que nécessiterait la guerre. Leur attente ne tarda pas à être remplie[1].

1701. - On éleva d’un quart la taxe des lettres, et la ferme en fut portée à trois millions deux cent mille livres. En même temps on rétablissait la capitation, mais sur un taux plus élevé que la première fois. Les règles pour la répartition entre les contribuables furent les mêmes, si ce n'est pourtant que les magistrats du parlement, ceux des autres cours supérieures du royaume, les juridictions inférieures et les communautés d’arts et métiers, obtinrent l’autorisation dé faire entre eux la répartition de la somme imposée par le conseil. Ces dispositions étaient adoptées dans la vue de prévenir l’arbitraire et les plaintes occasionnées par la première capitation. Elles ne s’étendirent pas au-delà des corps que pouvaient représenter des syndics ou des magistrats influents; et dans tous les lieux où l’intérêt des hommes en crédit l’emporta sur les lois de l’équité, l’habitant des campagnes se vit livré à la plus choquante partialité. Celle qui présida à la répartition dans les paroisses des Cévennes alluma la fureur des protestants de ces contrées, depuis long-temps aigris par les persécutions dont ils avaient été l’objet à la suite de la révocation de

  1. Comptes de Mallet. - Forbonnais, année 1700.