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inhérent aux places de comptables; et, plusieurs fois, pour en recouvrer une partie, le ministre eut la faiblesse traiter de la rentrée des sommes arriérées à des conditions onéreuses; Enfin, un affaiblissement sensible dans le produit des droits sur les consommations fit éprouver une perte de huit millions six cent mille livres dans le renouvellement du bail général des fermes. Malgré ce symptôme trop évident du malaise public, une ordonnance sur la police des grains vint froisser les intérêts des cultivateurs, en apportant des restrictions à la vente de cette denrée. Le commerce, à la vérité, en restait libre de province à province, mais l’exportation à l’étranger n’en pouvait avoir lieu sans une permission expresse; ce qui ramenait le monopole, en livrant l’agriculteur à la merci des intérêts de localité[1].

1694. — Le dérangement des finances, mais plus encore l’état des peuples, annonçaient impérieusement le besoin de la paix, et les événements de la guerre permettaient de traiter honorablement. Dans la même année, Luxembourg en Flandre, Catinat en Savoie, le maréchal de Noailles en Catalogne, et Tourville sur mer, avaient obtenu de glorieux succès. Louis XIV, profitant de ces avantages, fit des propositions aux coalisés. Elles furent sans succès, quoique modérées. Il fallut pourvoir aux nécessités d’une nouvelle campagne. Dans l’espérance d’attirer l’argent des particuliers par un grand bénéfice, on renouvela le moyen déjà employé d'offrir aux propriétaires de rentes con-

  1. Forbonnais, année 1691 et suiv.