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On ne connaît pas la quotité des subsides levés pendant le règne de Philippe-le-Bel : des écrivains pensent qu’il procura un revenu six fois plus élevé que celui dont avait disposé, un siècle auparavant, Philippe-Auguste. La connaissance des ressources du trésor, d’ailleurs, ne donnerait qu’une idée, bien imparfaite des charges supportées par la nation, puisque, à cette époque, et long-temps encore après, les sommes qui parvenaient à l’épargne n’étaient qu’une parcelle des concussions de tous genres qui pesaient sur les contribuables.

1315. — Quoi qu’il en soit, Louis X, fils et successeur de Philippe-le-Bel, se trouva dans la plus grande pénurie d’argent à son avènement au trône ; et ce fut inutilement qu’il s’irrita contre les ministres de son père, qui ne lui remettaient rien du produit « de tant d’impôts exigés, de tant d’altérations de monnaies. » Cependant le renouvellement des hostilités en Flandres nécessitait de prompts secours. Le roi, oubliant l’avis de Philippe, crut pouvoir les obtenir d’un nouvel affaiblissement des espèces ; mais cette opération, que des impôts accompagnaient, causa une révolte presque générale dans le royaume. On reconnut que la disposition des esprits voulait des concessions, et non des exigences. Enguerrand de Marigny, surintendant des finances, accusé de déprédations que semblaient justifier ses immenses richesses, fut immolé sans preuves à la haine des grands et du peuple. Le roi, à la requête des « nobles et autres gens du royaume, » supprima de nouveau, comme indûment perçue, la subvention imposée pour l’armée, déclarant que des « perceptions