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mission de sortie, moyennant finance. La sortie des marchandises n’était donc défendue que pour faire acheter la permission de les enlever : car, à l’imitation des despotes de l’Orient, où les financiers étaient allés s’instruire, le gouvernement prétendait exercer par ses officiers le monopole du commerce[1].

1314. — Nonobstant l’existence d’une trêve que le roi avait conclue avec les Flamands, dans l’année qui suivit l’assemblée des trois ordres, on voulut doubler les taxes qu’ils avaient accordées, et assujettir à cette augmentation la noblesse et le clergé. Des remontrances que ces corps présentèrent étant demeurées sans effet, ils formèrent, pour la défense de leurs droits et de leur liberté, une ligue à laquelle prirent part des villes et des communautés. La Bourgogne en donna l’exemple, et, à sa sollicitation, les habitants de la Champagne, du Nivernais, due Beauvoisis et des contrées voisines, y souscrivirent, et se lièrent par la promesse mutuelle de s’entre-secourir contre les entreprises. de la couronne. Ces symptômes d’une révolte prochaine menaçaient le royaume des plus grands troubles, lorsque Philippe-le-Bel mourut après avoir annoncé la cessation de la subvention pour l’armée de Flandre. Ce prince, reconnaissant trop tard qu’il avait abusé des impôts, recommanda à son fils de les modérer, et de fabriquer de bonnes monnaies[2].

  1. Ordon. du Louvre, t. 14, p. 40 ; t. 16, p. xij et suiv. ; et Table, au mot Philippe VI, p. 908. — Compilation chronologique des ordonnances, par Blanchard, t. 1, p. 33, 38 et 50.
  2. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 580.