Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résolue la question de savoir si le pouvoir législatif sur cet objet résiderait tout entier dans le roi, ou s'il serait partagé entre le monarque et la nation, représentée dans ses trois ordres. On verra plus tard par quels moyens la couronne parvint à s’attribuer ce pouvoir comme une prérogative qui lui appartenait. En attendant, l’indécision ou restait une question d'un aussi grand intérêt laissa encore l’état sans revenu assuré, parce que les peuples, qui supportaient déjà le fardeau permanent des dîmes ecclésiastiques, et d’une foule de droits ou de devoirs tant manuels que pécuniaires envers les seigneurs, ne se prêtaient qu’avec répugnance à l’établissement des taxes publiques, même temporaires, dont la nécessité ne leur était point démontrée, et qu’ils opposaient même la résistance à celles qui leur semblaient ou injustes ou trop onéreuses. Dans cet état de choses, les hommes qui dirigeaient les finances royales, commandés souvent par des circonstances impérieuses, furent longtemps réduits à user de manœuvres frauduleuses pour arracher des impositions que la royauté n’osait pas encore établir ou qu’elle n’avait pas la force d’exiger des sa seule autorité.

L'admission des communes, sous le nom de tiers-état, dans les assemblées publiques, avait été précédée depuis peu d’années d’un changement qui, en consacrant les parlouers du roy, ou parlements, au soin de rendre la justice, semblait devoir assurer exclusivement aux assemblées des trois ordres la délibération sur les grands intérêts de l’état. Par un édit qui nous est parvenu, Philippe-le-Bel ordonna que, pour le bien de ses sujets et expédition du service, il tiendrait, deux fois l'an, deux parlements à Paris, deux échi-