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ris, promit de donner une aide suffisante, ou de suivre le roi en personne à la guerre. Les députés des autres communautés firent les mêmes offres. Après quoi, et sans autre délibération, l’assemblée fut dissoute ; et un édit ordonna la levée de six deniers pour livre de toutes les marchandises qui seraient vendues dans le royaume. La taxe fut perçue sans difficultés à Paris. Dans les provinces, elle excita des plaintes générales ; et plusieurs villes de Normandie et de Picardie s’opposèrent à son établissement. Il est permis de croire, d’après cette dernière circonstance, que toutes les villes n’envoyèrent pas de députés à l’assemblée, et que Philippe-le-Bel avait compté sur la facilité des bourgeois de Paris et sur leur exemple pour entraîner les provinces. Le laconisme des écrivains qui ont parlé de cette partie intéressante de notre histoire, et l’insuffisance des documents authentiques de l’époque laissent sans moyens de lever le doute qui existe à cet égard[1].

Quoi qu’il en soit sur ce point, il est constant que du besoin de pourvoir par un tribut public aux dépenses générales de la monarchie, et de l’opposition des peuples aux impositions arbitraires, est née depuis cinq siècles la réunion, connue plus tard sous le titre d’états-généraux, des trois ordres qui composaient la nation, en remplacement des anciennes assemblées de mars et de mai, et des grands parlements ou placites généraux qui leur avaient succédé. Cette institution, à ne la considérer que sous le rapport financier, pou-

  1. Le Guydon général des finances, p. 165. — Pasquier, t. 1, p. 87, C. — Histoire de France, par le comte de Boulainvilliers, t. 2, p. 290 et suiv. -Mézerai.