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barons et les prélats, réunis en assemblées de grand parlement, avaient seuls été consultés sur les moyens de pourvoir aux besoins de l’état; et deux siècles avaient consolidé l’existence des communes sans que la classe des bourgeois, devenue riche et puissante, eût obtenu aucune part dans des délibérations dont les résultats les intéressaient particulièrement. Récemment, à la vérité, des personnages qui n’étaient ni prélats ni nobles avaient assisté à deux assemblées où devaient se traiter des questions d’un grand intérêt pour l’état. Mais, premièrement, ils y étaient peut-être moins comme députés d’un tiers ordre que comme clercs, c'est-à-dire savants dans la jurisprudence du royaume, et dans le droit canon ; en second lieu, admettant qu’il ait été question d’impôts dans une de ces assemblées, ce n’était que d’une manière accidentelle et plutôt pour entendre la volonté du souverain que pour délibérer sur ses propositions. Il était juste cependant de faire concourir au vote des subsides publics ceux qui devaient en supporter la majeure partie; mais ce qui aurait dû être considéré comme un acte d’équité, et conseillé par une saine politique, ne fut donné qu’à la nécessité du moment.

1315.— Dans une assemblée tenue en présence du roi, où prirent séance, après les nobles et les prélats, les bourgeois et les syndics ou députés des communes, désignés sous le nom de tiers-état, Enguerrand de Marigny, surintendant des finances, exposa les besoins du royaume, exhortant les trois ordres à donner au roi les secours exigés par l’intérêt public. Étienne Barbette, prévôt des marchands, suivi de plusieurs bourgeois de Pa-