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Aussitôt un ordre du roi chargea les baillis d’exiger en remplacement des gens de guerre, une somme de cent livres pour cinq cents livrées de terre, et deux sols par jour sur les villes ou universités pour chaque soldat demandé[1].

1306. - Ces exigences, qui froissaient et confondaient toutes les classes, et une nouvelle réduction des monnaies, qui suivit de près, mirent le comble au mécontentement général. Il se manifesta d’abord parmi le peuple. Dans plusieurs provinces, les habitants des villes et des campagnes se révoltèrent; à Paris, à Orléans, à Rouen, ils mirent à mort les commis à la perception. A Paris, la multitude pilla et démolit la maison d'Étienne Barbette, maître de la monnaie, puis se porta au Temple, et insulta le roi, qui occupait ce palais. Ces mouvements menaçants furent punis par des exécutions nombreuses. Plus tard, à l’occasion d’une nouvelle expédition projetée contre les Flamands, plusieurs fois défaits, mais toujours en révolte, Philippe voulut imposer une autre taxe de six deniers pour livres des denrées vendues; mais la perception ne put en être faite. Éclairé enfin par cette résistance opiniâtre à sa volonté, le roi eut recours à un autre moyen pour vaincre la répugnance du peuple : ce fut de paraître l’appeler délibérer sur l’établissement des impôts[2]

Depuis le commencement de la troisième race, les

  1. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 391.
  2. Œuvres de Pasquier, t. 1, p. 87, c. - Híst. de France, par le comte de Boulainvilliers, t. 2, p. 276.