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ment des peuples. Dans cette vue, Philippe-le-Bel fit assembler les trois états à Paris, et assista en personne à leur réunion. Le chancelier Pierre Flotte annonça d’abord les desseins que le roi avait de réprimer plusieurs abus, notamment les entreprises du pape sur le temporel du royaume. Philippe demanda lui-même que chaque corps formât sa résolution, et la déclarât publiquement par forme de conseil.

A la suite des délibérations, la noblesse exprima au roi l’intention où elle était de le servir de sa personne et de ses biens. Les ecclésiastiques demandèrent d’abord un délai pour délibérer, ce qui leur fut refusé; mais, pressés par les interpellations du roi, ils reconnurent qu’ils tenaient leurs biens de lui et de sa couronne; qu’ils devaient défendre sa personne, ses enfants, ses proches, et la liberté du royaume; qu'ils s'y étaient engagés par leurs serments en prenant possession des grands fiefs dont la plupart étaient revêtus, et que les autres y étaient engagés par fidélité. Le tiers-état s’expliqua par une requête, suppliant le roi de conserver la franchise du royaume[1].

Nonobstant l’assertion contraire de plusieurs historiens, il parait certain que cette assemblée ne fut pas consultée sur la question des subsides, ou, s’il en fut fait mention, que les procureurs des communes manifestèrent des dispositions peu conformes aux vues du roi. Cette opinion est fondée sur les dispositions que l’on adopta peu de temps après la tenue de l’assemblée,

  1. Hist. de France, et Lettres sur les anciens parlements du royaume, par le comte de Boulainvilliers, t. 3, p. 263, etc. - Mezrai. - Anquetil. - Hist. du parlement.