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1301. — Dans les provinces, les Lombards partageaient les spéculations du prince, que le peuple nommait hautement le faux-monnoyeur; et l’assurance répétée dans l'annonce des nouvelles émissions de monnaies qu’elles étaient « de cette même bonté que au temps du sainct roi Loys » devenait une formule qui ne trompait plus personne. A deux époques différentes, des lois somptuaires en apparence défendirent aux officiers royaux, aux ecclésiastiques et à tous autres, l’usage de l’argenterie; mais l’ordre de livrer aux monnaies les objets de même matière, à un prix arbitrairement fixé, trahissait le véritable motif de ces mesures spoliatrices, qui excitaient dans le royaume un mécontentement général, que des murmures annonçaient hautement[1].

1302. — La Flandre était soumise; ses habitants avaient donné à Philippe des témoignages d’une affection sincère, pendant un voyage qu’il fit dans leur pays. Bientôt, accablés par les impôts qu’exigea le gouverneur, tourmentés par les concussions odieuses que commettaient les maltôtiers auxquels on les avait livrés, ils se soulevèrent, et signalèrent leur révolte par le massacre des Français.

Obligé de créer une nouvelle armée pour venger celle qui avait été défaite à Courtray, le roi voulut, avant son départ, se prémunir contre les prétentions toujours subsistantes de Boniface VIII. et contre le mécontente-

  1. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 324, 325, 347, 428 et suiv., 451, 452, 458, 524, 525, etc. - Guy Coquille, ch. 183.