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lats, des barons, des membres des universités, chapitres et collèges, et des syndics ou procureurs des villes, l’assemblée déclara qu’elle ne reconnaissait d’autre supérieur au temporel que le roi. La levée de l'impôt fut continuée en conséquence de ce suffrage[1].

A la mort de Boniface, qui survint deux ans après, Philippe, s’étant assuré de la majorité des voix dans le conclave, fit de la continuation pendant cinq ans de l’impôt du dixième sur les biens de l’Église l’une des conditions se l’élection du pape Clément V; mais, afin que les décimes pussent être payées exactement et sans difficulté ni préjudice pour le clergé, une bulle régla le taux des monnaies à donner en paiement. Cette précaution inusitée était nécessaire à une époque où le monarque disputait aux seigneurs le droit « d’abaisser et amenuiser les monnoyes comme privilège especial du roy. » Mais les garanties obtenues par le clergé ne mirent pas les autres classes de la société à l’abri des spéculations monétaires de Philippe : l’altération ainsi que l’élévation ou la réduction alternative des espèces furent toujours l’une des Opérations les plus lucratives de son règne, et l’impôt le plus désastreux pour la nation. De ces variations fréquentes naissaient des difficultés multipliées pour le paiement des obligations, des cens, des rentes et des fermages, pour la vente des denrées et le prix des salaires[2].

  1. Hist. de France, par le comte de Boulainvilliers, t. 2 p. 256 et 272 - Mézerai. - Anquetil.
  2. Métrologie de Paucton, p. 674. - Traité des monnaies, par Abot de Basinghen.