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des mesures violentes, mais productives. Tous furent arrêtés, puis soumis à de fortes taxes; et d’honnêtes marchands se trouvèrent enveloppés dans l’exécution. Peu d’années après (1295), ces mêmes Italiens obtinrent la liberté de commercer, à laquelle on ajouta l’exemption absolue de toutes « exactions, tailles, subventions, corvées, service militaire et autres charges, » moyennant un droit de denier, obole et pitte, par livre de vente ou d'opération de banque[1].

Les Juifs, émules et rivaux des Lombards, partageaient avec ces Italiens les spéculations sur les impôts; de plus, l’usure, qu’ils continuaient d’exercer, les avait rendus odieux à tous ceux qui se trouvaient dans la pénible nécessité d’acheter leurs services. Déjà plusieurs fois bannis et rappelés, ils revenaient toujours où les ramenaient des trafics lucratifs. Ils furent de nouveau chassés, et leurs biens confisqués. Les dépouilles de ceux qui partirent ou les sacrifices de ceux qui achetèrent la permission de rester procuraient de fortes sommes, que l'on appela bénéfice de restitution. Ce moyen de reprendre en masse dans les mains des exacteurs le produit de leurs rapines fut une des traditions les plus fidèlement observées par l’ancienne fiscalité[2].

1295. ― La Guienne continuait d'être le théâtre des hostilités avec l’Angleterre. On trouva les fonds que nécessitait cette guerre premièrement dans un emprunt

  1. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 326 et 650.
  2. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 488.