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habitudes avaient été apportées de l’Orient, donna le spectacle de dépenses excessives, qui lui valurent le titre du plus dépensier de nos rois. Ce goût, et la guerre continuelle que ce prince eut à soutenir, d’abord contre le roi de Castille, puis avec l’Angleterre et les Flamands, le portèrent à se procurer par des expédients ruineux pour les peuples des ressources proportionnées à ses besoins. De cet abus d’un pouvoir qui n’était point encore consolidé devait naître et la résistance, et la nécessité de recourir à la bourgeoisie, qui déjà formait un corps dans l’état.

Père de trois fils et d’une fille, à la naissance et aux principales époques de la vie de ses enfants, Philippe usa par de fortes impositions du droit d’aide, que lui accordaient les coutumes féodales[1].

1291. ― Dans le XIII° siècle, l’écriture et la science des calculs n’étaient connues en France que des ecclésiastiques et de quelques commerçants. Les Italiens Lombards, qui avaient ces connaissances, se trouvaient en possession d’inventer et de percevoir les impôts, comme d’affermer les revenus de la couronne : ils s’enrichissaient rapidement, soit aux dépens du fisc, soit par les concussions de tous genres qu’ils exerçaient. Leurs maltotes[2] servirent de prétexte à

  1. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 1, 453 et 534.
  2. La taille, tant royale que seigneuriale, était l’impôt le plus habituel jusqu’à cette époque, et s’exprimait en latin, comme le prouvent plusieurs monuments du temps, par les mots tallia ou tolta. De là les perceptions indûment faites par les receveurs ou fermiers des impôts furent nommées male tolta, d’où sont venues les dénominations de maltôtes et de maltôtier, que, dans la suite, on appliqua aux taxes injustement établies, et à ceux qui les exigeaient.