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dant un règne de quinze années, la tranquillité publique avait à peine été troublée par les projets d’une nouvelle croisade et par une guerre de courte durée en Arragon. Dans ces deux circonstances, le roi eut recours à l’imposition générale et temporaire de la décime, dont la levée se fit sans effort, parce que l’aisance se répandait dans les différentes classes de la société.

L'avènement de Philippe-le-Hardi au trône avait été marqué par la réunion à la couronne du comté de Toulouse, du Poitou et de l'Auvergne, dont une succession agrandit le royaume. Le règne de ce prince est encore signalé par l'anoblissement des roturiers, ce qui consistait à obtenir des titres de noblesse par lettres du roi. L’anoblissement fut d’abord accordé comme une récompense à ceux qui se distinguaient dans les arts : un célèbre orfèvre l’obtint le premier à ce titre. Mais à la distinction était attachée l’exemption des impôts; et ce qui devait être simplement honorifique devint ainsi un privilège abusif, onéreux à tous, et bientôt une ressource du fisc : on range en effet l'anoblissement des roturiers moyennant finance au nombre des inventions pécuniaires de Philippe-le-Bel, qui succéda à Philippe-le-Hardi.