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Une autre décime fut imposée pour l'expédition de Tunis, qui priva la France d’un roi que ses sujets pleurèrent, et à qui la postérité décerna le beau titre de Prince de paix et de justice.

Rien de certain ne nous est parvenu sur les formalités qui précédèrent la levée de ces impositions; mais l’esprit de prudence et de modération qui caractérise le gouvernement de Saint-Louis, l’usage qu’il avait respecté de consulter les prélats et les barons, réunis en grand parlement, dans toutes les circonstances qui intéressaient l’état, tout porte à croire que les subsides étaient consentis dans ces assemblées. Une autre idée ne pourrait se concilier avec la recommandation que le sage monarque laissa à son fils dans son testament : « Garde-toi de trop grand convoitise, ne ne boute pas sus trop grandes tailles ne subsides à ton peuple, si ce n’est par trop grand nécessité pour ton royaume deffendre[1]. »

Par le traité qui fut conclu avec le roi de Tunis, après la mort de Saint-Louis, son fils avait obtenu que les ports de ce royaume seraient ouverts aux négociants français, et qu’ils y seraient exempts de taxes. Le commerce maritime, profitant des relations qui s’étaient établies par les croisades, sortit du néant où l'avait plongé la barbarie féodale, et s’ouvrit dans l’Orient les routes fréquentées depuis long-temps par les Génois, les Pisans et les Vénitiens. Cependant les arts industriels s’animaient; l’agriculture, le commerce intérieur, renaissaient sous la protection des lois. pen-

  1. États tenus à Tours, sous la minorité de Charles VIII. Paris, 1614. - Le Guydon des finances, édition de 1644, p. 166 et 167.