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On évalue les revenus que forma Philippe-Auguste par ces divers moyens à trente-six mille marcs, ou soixante douze mille livres pesant d'argent. Durant une famine qui désola le royaume, il fit faire d'abondantes distributions en grains et en deniers. Le trésor, déposé dans le temple, était confié à la garde de sept bourgeois de Paris choisis par le roi, et un clerc du roi tenait registre des recettes et des dépenses. Par son testament, le prince disposa de plus de quatre-vingt-dix mille marcs d'argent en actes de piété et de bienfaisance, indépendamment d'une forte somme qu’il laissa à son fils Louis VIII, pour l'employer « à la défense du royaume et non à un autre usage. » De semblables dispositions, témoignages certains de l’ordre et d’une sage économie, sont loin de prouver le défaut d’avarice que des historiens ont reproché à Philippe-Auguste; elles attestent plutôt sa prévoyance : il savait « qu’un roi qui a de grands desseins ne doit pas consumer la substance de ses sujets en dépenses vaines et fastueuses. »

C’est, comme on voit, sous le règne de Philippe-Auguste que commence à se manifester la tendance de la royauté vers la création d'un revenu public formé en partie de contributions, sinon égales et régulièrement réparties, du moins portant sur les diverses classes de la société, et dont le produit recevait une destination naturelle et utile à tous dans la solde des troupes momentanément employées à la défense du territoire[1].

  1. Mézerai, édition in-fol., t. I, p. 135.- Hist. de France, par le comte de Boulainviliiers, t. 2, p. 94. - Comptes de Mallet, premier commis de M. Desmarets, p. 401.