Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le roi et les seigneurs, qui devenaient le prix de la concession des franchises et privilèges, et en outre de la contribution aux subsides généraux, les habitants des lieux érigés en communes étaient encore obligés à des frais et à des services pour le bien de la communauté. Tels étaient la garde de la ville, à l'entretien et les réparations des murs, des rues, des ponts et des fontaines. De là résultait la faculté d’imposer et de répartir des taxes municipales pour subvenir à ces dépenses. Chaque ville était tenue en outre d’exercer ses milices, qui devaient marcher au service du souverain à sa première réquisition[1].

La nécessité porta les grands vassaux à imiter l’exemple que leur donnaient les seigneurs, et que les rois encourageaient. Epuisés par les expéditions en Orient, et ne trouvant plus dans leurs sujets la même docilité, ils saisirent avec empressement un nouveau moyen de se procurer de l’argent en vendant des chartes des communes aux villes et bourgs de leurs dépendances, mais toujours sous l'approbation du monarque. Cette révolution, favorable à la cause des peuples et à l’intérêt du trône, jetait la base de la puissance monarchique sur les débris de l'aristocratie féodale; donnait naissance à une classe de citoyens, sous le nom de bourgeois, qui distingua les habitants des cités; elle préparait pour les campagnes l’affranchissement de la servitude dont le poids les accablait encore pour l’état la source d'un revenu annuel[2], et pour la cou-

  1. Ordon. du Louvre, t. 11, préface, p. xxj et xxij, et p. 173, 177, 297, 308, etc., etc.
  2. On trouve sous le règne de Louis-le-Gros la trace d’une opération qui devait avoir pour but la répartition de l’impôt.Une ordonnance de ce prince commissionne des mesureurs et arpenteurs de terres dans le royaume, et accorde exemption de tous droits de péages, passages et autres semblables aux géomètres chargés de ce travail.