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temps manifestée par les combats, perdit peu à peu de ce caractère, et alors on éprouve le besoin de mettre un terme aux brigandages qui désolaient l’état et l’Église. La soif du sang s’éteignit. On convint que, pendant certains jours de la semaine, personne n'attaquerait son ennemi, moine ou clerc, marchand, artisan ou laboureur, et que, pendant certains temps de l’année, il ne serait permis d’attaquer, ni de blesser, ni de tuer ou de voler personne, sous peine d’anathème et d'excommunication. On donna à ce traité le nom de trêve du seigneur; et une confrérie de Dieu se forma pour poursuivre ceux qui en violeraient les dispositions. A la faveur de cette police, le commerce intérieur fut moins exposé; l’industrie s’étendit, et les cités se peuplèrent de marchands et d’artisans utiles. Bientôt l’aisance produite par le développement de cette activité pacifique, et le prix que les hommes laborieux mettaient à la conservation du fruit de leurs travaux leur rendirent insupportables les exigences de la force militaire dont abusaient envers eux les seigneurs sous la domination desquels ils vivaient. Les villes les plus opprimées ou les plus puissantes se soulevèrent contre ce joug intolérable. Les habitants formèrent entre eux; sous le nom de commune, des confédérations dont le but était d’opposer la résistance à la tyrannie des oppresseurs. Un petit nombre de villes durent leur émancipation à l’humanité ou à la piété des seigneurs; la plupart des autres l’arrachèrent à la suite de combats et de massacres qui ensanglantèrent les premières années du XIIe siècle. Toutes achetèrent à deniers comptant, et par des redevances annuelles, le consentement des seigneurs immédiats, celui des nobles