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réunion au domaine des grands fiefs qui avaient fait de Hugues Capet le plus puissant des vassaux. Ces fiefs comprenaient le duché de Bourgogne, la ville et le comté de Paris, une partie de la Picardie, la Champagne, l’Orléanais, le pays Chartrain, le Perche, le comté de Blois, la Touraine, le Maine et l’Anjou. Porté au trône par des seigneurs et des évêques, et ayant pour compétiteur Charles, duc de Lorraine, le nouveau roi dut se ménager par des faveurs l'affection des grands au royaume : des terres nobles leur furent distribuées; et ces nouveaux bénéfices, de même que ceux qui existaient précédemment, furent rendus patrimoniaux, mais toujours avec réserve de foi et hommage de la part des possesseurs, et à la charge par eux de servir le roi à la guerre avec leurs hommes d’armes. Après ce sacrifice fait à la politique, Hugues Capet, éclairé par l’expérience sur les causes qui avaient produit l'affaiblissement et la chute de la seconde race, rendit une loi prononçant l’abolition des partages entre les fils du roi, et la défense d’aliéner le domaine. Nonobstant cette sage disposition, l’usage conservé pendant plusieurs siècles encore d’apanager les fils puînés des rois avec des possessions territoriales dont ils acquéraient, la propriété absolue, et le maintien d’un système de libéralité funeste, portèrent une seconde atteinte au nouveau patrimoine des rois, malgré l’intérêt qu’ils avaient à conserver ce domaine, dont les revenus et les droits devaient fournir en temps de paix aux dépenses qu’exigeait la dignité de la couronne[1].

  1. Préambule de l’édit de mai 1645.—Ordonn. du Louvre, t. 15, p. v et x.-Robertson, Hist. de Charles-Quint, t. 1, sect. 3 et note 39.