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rois trouvaient dans la fabrication des monnaies un bénéfice qui résultait de la différence entre la valeur intrinsèque d’un marc d’écus et la valeur nominale qui lui était donnée. Ce bénéfice avait été à cette époque et nous le verrons être dans la suite un des principaux revenus de la couronne, et l’une des causes de la misère des peuples.

Ainsi, au déclin de la seconde race, la France offrait le triste et singulier spectacle d’un état sans finances, de rois sans autorité, et d’un peuple sans protection contre les exigences arbitraires. Les conditions qui avaient distingué les habitants des campagnes en hommes libres, en vilains et en serfs, disparurent presque entièrement. L'oppression et le désespoir réduisaient les hommes libres à renoncer à leur liberté pour se soumettre à l’état de servage, espèce d’esclavage mitigé qui attacha à l’homme à la terre. Vers la fin du Xe siècle, la majeure partie de la classe inférieure du peuple était réduite à cette condition malheureuse. Elle n’était pas seulement le partage de ceux qui peuplaient les campagnes et cultivaient la terre pour leur seigneur : chaque ville, chaque village relevait de quelque baron ecclésiastique ou laïc, dont les habitants devaient acheter la protection, et qui exerçaient sur eux une puissance absolue. De grandes villes, en petit nombre, comme Reims et Lyon, qui avaient joui dans les temps les plus reculés de la juridiction municipale, échappèrent à l’oppression, et conservèrent, à la faveur de certains privilèges, tels que les affranchissements ou abonnements de redevances, la confirmation de leurs coutumes et le droit de bourgeoisie. Mais il n’existait pas cette époque de commune, c’est-à-dire