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crés au culte. Dans les églises et dans les abbayes ils s’assuraient si les vases sacrés, les pierres précieuses et les autres trésors n’avaient pas été vendus aux juifs qui faisaient ce trafic[1].

La puissance dont les ducs avaient abusé sous les descendants de Clovis se trouvait ainsi remplacée par des surveillants d’un ordre élevé, dont le principal ministère était de faire connaître et respecter les lois protectrices de tous les intérêts; par eux encore le prince et les placites généraux, promptement instruits des besoins du peuple, s’occupaient chaque année d’améliorer son sort. Les mœurs, non moins barbares, mais plus corrompues qu’à l’époque de la conquête, tendaient à s’adoucir sous l’influence de l’instruction, dont l’empereur s'occupait de répandre le goût par des établissements qu’il fondait sur différents points de ses vastes états. Mais la France n’était pas destinée à recueillir les fruits des sages institutions de Charlemagne. Ce prince, par la force et l'activité de son génie, avait, durant un règne de quarante-six années, occupé et contenu l’ambition des grands feudataires ; ses conquêtes avaient enrichi le domaine, et la crainte de ses armes garantissait la France de l’invasion des peuples du Nord, qui, de son temps déjà, se montraient sur les frontières maritimes du royaume.

Sous ses faibles descendants, les Normands, chargés de la dépouille des provinces qu’ils parcouraient en les ravageant, firent encore acheter de courtes trêves

  1. Lex Almanorum, ann. 630, art. 30. Cap. prim. ann. 802, sive capitulæ datæ missis dominicis, ann. 803, 806, 812, 819, 829, et ann. 823, art. 25. et 26. - Guy Coquille, ch. 4.