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magistrats, et recueillaient les plaintes qui étaient portées contre eux. Pendant les chevauchées qu’ils faisaient à quatre époques de l’année, ces envoyés réformaient les sentences iniques, ou en appelaient au jugement du monarque; ils lui dénonçaient les comtes prévaricateurs; et, lorsque les assesseurs de ces juges étaient reconnus coupables, ils les remplaçaient parmi les élus du peuple. Dans le cours de leur mission, ils faisaient dresser ou compléter les terriers contenant la description des biens-fonds, et l’énumération des hommes que possédaient les vassaux de tous les degrés, ainsi que celle des biens appartenant à la couronne; ils faisaient entretenir et mettre, en valeur les domaines royaux, et recherchaient les bénéfices que des vassaux dénaturaient en les vendant comme des alleux ou biens propres. Ces envoyés royaux devaient encore surveiller les recouvrement du cens royal, des amendes attribuées au fisc, et le paiement des dîmes; faire détruire les péages illicites, réformer les coutumes abusives, et appeler la rigueur des lois sur les faux monnayeurs, sur les autres criminels et sur les usuriers[1]. Les instructions dont ces envoyés étaient porteurs appelaient encore leur attention sur les mœurs des membres du clergé et sur l'état des édifices consa-

  1. (a)Dans le neuvième siècle, et plus tard encore, les lois civiles, d’accord avec les doctrines de l’Église et le droit canon, défendaient sous le nom d'usure tout prêt lucratif, sans distinguer l’intérêt licite de l’intérêt exagéré. C’est ce que prouve la définition du mot usure donnée par l'art. 12 du 5e Capit. de l’an 806 : « Usura est qua amplius requiritur quam datur : verbi gratia, si dederis solidos decem, et amplius requisieris; vel si dederis modium frumenti, et iterum super aliud exigeris. »