Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait les aumônes et l’abandon de la dîme comme les moyens d’assurer leur salut. Ailleurs, en s'appuyant sur le texte des écritures, on annonçait que ceux qui négligeaient d'offrir à Dieu la dîme que lui-même avait établie s’exposaient par ce péché à se voir privés des choses nécessaires à la vie, parce que Dieu leur enlèverait les neufs autres parties du revenu. Ces exhortations menaçantes, consacrées par l’autorité des conciles et des papes, furent propagées par les frères prêcheurs, qui se répandirent dans les campagnes vers le commencement du XI° siècle[1]. A la voix de ces moines, toute puis-

  1. « Urbain, deuxième pape, qui tint un concile à Clermont, auquel fut délibéré et entrepris le voyage des François pour la conqueste de Jérusalem, Alexandre Tiers, et Innocent Tiers, ès conciles célèbres de leurs tems, remirent en l’église la plupart des biens qui en avaient été aliénés, mesme y remirent les dixmes pour la plupart et non pas toutes. Ce qui ne fut pas par commandement et autorité précise, mais par exhortations et menaces du courroux de Dieu qui furent faictes par plusieurs bons et saincts religieux qui étoient en ce même tems.......; et se trouve une décrétale d’Innocent, quatrième pape, par laquelle il commande aux frères mineurs et prescheurs de prescher au peuple que les dixmes sont dues. »
    (Questions et responses sur les coutumes de France, par Guy Coquille, 1611, p. 162 et 165.)