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ministration de vingt-deux ans, qui fut troublée par dix années de guerre.

Dans cette période remarquable, l’établissement de l’académie des inscriptions et belles-lettres, de l’académie des sciences, de l’académie d’architecture et de celle de peinture, fixa en France le goût des recherches instructives et des beaux-arts ; et l’école fondée à Rome pour les jeunes artistes donna naissance aux chefs-d’œuvre qui bientôt vinrent orner nos édifices. Les savants de l’Europe et les hommes de lettres dont s’honore la France recevaient des pensions de Louis XIV. Les tapis de la Flandre et de la Turquie se fabriquèrent dans les manufactures créées à Beauvais et aux Gobelins. Paris vit construire un observatoire et tous les instruments que comporte l’étude de l’astronomie ; la colonnade du Louvre s’éleva sur les dessins de Perrault ; un vaste hôtel s’ouvrait pour les guerriers blessés au service de la patrie ; une machine énorme, établie à grands frais à Marly, transporta sur le sol aride de Versailles les eaux qui devaient vivifier les jardins plantés par Le Nôtre, et rendre habitables les immenses bâtiments où la magnificence de Louis XIV rassembla tout ce que le luxe et les arts produisaient alors de plus précieux. Par une meilleure application des revenus de l’état, cent vingt millions avaient été employés au rachat des aliénations de tout genre ; cent vaisseaux de ligne, des frégates, des galères, construites et armées dans nos chantiers, étaient montés de soixante mille matelots ; de vastes arsenaux pour la marine royale avaient été créés à Brest, à Toulon, et dans les marais de Rochefort. La marine marchande et la pêche, encoura-